Pendant très longtemps, on a cherché une méthode qui pourrait améliorer le taux de succès des entreprises en phase de démarrage, qui demeure vraiment anémique. On a aussi constaté que, dans les entreprises existantes, le taux de succès en commercialisation des produits innovants n’était guère mieux. Voilà une quinzaine d’année, des entrepreneurs, des consultants et des chercheurs universitaires se sont donc attaqués sérieusement à cette tâche. Voilà, ils ont trouvé. On appelle cette méthode le Lean Start Up, que l’on pourrait traduire par le démarrage simplifié d’une entreprise.
On partait avec ce que l’on pensait être une bonne idée, on faisait une étude de marché classique, ensuite on montait un plan d’affaires long et coûteux, et six mois plus tard, on essayait de lancer cette entreprise. Des tas de problèmes pouvaient survenir : les clients n’étaient pas intéressés, le prix était trop élevé ou les clients ne voulaient pas payer pour ce service, les moyens de communication n’étaient pas appropriés à la cible, etc. Parfois, on se rendait compte trop tard que le modèle d’affaires n’était pas le bon ou qu’il fallait revoir complètement la stratégie de commercialisation. N’ayant plus de ressources pour recommencer notamment financières, alors c’était bien souvent un échec retentissant.
Mine de rien, cette approche que l’on qualifie d’entrepreneuriale est en train de révolutionner le monde du management et de la commercialisation. Au départ, son fondateur Éric Ries l’avait élaborée surtout pour réussir un lancement d’entreprise dans un contexte d’extrême incertitude et de ressources limitées. Mais maintenant, cette méthode est devenue un MUST et est utilisée pour la création et la gestion de projets innovants dans un très grand nombre d’entreprises, tant dans le secteur public que commercial. Car même les grandes entreprises traditionnelles ont besoin de se renouveler pour s’adapter au contexte des marchés changeants.
Dans son plus récent livre, The Start Up Way, Ries explique comment ils ont implanté cette méthode dans des entreprises comme GE, Intuit et même chez Toyota, le leader manufacturier qui a littéralement inventé le Lean. Même des secteurs ultra-bureaucratisés comme les départements d’éducation ou de santé et services sociaux des États-Unis ont pu profiter des bienfaits de cette approche pour alléger leurs méthodes de gestion et mieux gérer des projets innovants avec succès et dans des délais records.
Ries ne s’en cache pas. Il est un ingénieur de formation et il s’est beaucoup inspiré de certaines méthodes existantes qui ont fait leurs preuves : AGILE, Lean, Design Thinking. Mais toutes ses méthodes prises séparément ne sont plus suffisantes dans le contexte d’aujourd’hui, notamment parce que le rythme du changement s’accélère et le niveau d’incertitude grandit de façon exponentielle. Et l’un des principaux vecteurs de ce changement est la technologie.
Or dans les prochaines années, nous allons assister non pas à une tempête mais un véritable tsunami de changements dans les entreprises, avec l’arrivée de l’Internet des objets et l’intelligence artificielle intégrée au Big Data. Nous avons donc besoin d’une nouvelle méthode de gestion qui va intégrer des innovations continues et un changement quasi-permanent dans les entreprises, ce qui est un défi énorme. En effet, rien n’est plus difficile que d’introduire une culture de changement et d’innovation dans une organisation classique où tout est organisé justement pour éliminer le risque et les variations.
Voilà 15 ou 20 ans, vous pouviez prendre un an pour créer une entreprise, et une autre année pour tenter de la lancer avec succès. Aujourd’hui, vous avez une fenêtre d’opportunité de 6 mois au maximum. Le Lean Start Up, qui fonctionne par itérations successives, boucles d’enseignement et une validation rapide au marché de votre projet, va vous aider à créer et peaufiner un concept d’affaires plus performant, en partant d’une idée vague jusqu’à sa phase de maturité. Et le canevas est un outil qui va vous aider à actualiser cette méthode en développant votre modèle d’affaires de façon plus rapide et efficace.
Il aura alors bien plus de probabilité de devenir un concept vraiment gagnant et il va vous donner une base de fonctionnement efficace et opérationnelle pour gérer l’incertitude des premières années de votre entreprise. À noter que le canevas ne remplace pas le plan d’affaires plus étoffé que votre banquier ou des investisseurs pourraient vous demander. Mais l’aide de cet outil puissant et intégré va simplement vous procurer une excellente base pour développer un plan d’affaires plus en phase avec le marché et moins risqué.
Certes, ce n’est pas une méthode parfaite. Aucune méthode en soi ne peut garantir votre succès en affaires à 100 % car il y aura toujours un risque incontrôlable inhérent au processus de démarrage d’une entreprise. Toutefois, si cette méthode peut vous aider à réduire votre taux d’échec de démarrage d’entreprise de 50 %, ou encore réduire votre temps de développement d’un nouveau produit de 5 à 1 an, et bien ce sera déjà une énorme amélioration. Ne serait-ce que pour cela, on serait bien fous de la rejeter et de s’en passer.
Fernand Campbell, MBA